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Mon aventure avec ASFC : du CÉGEP au Honduras

Catégorie(s): Voluntary cooperation, Human rights, Honduras, 2015

L’auteure, Andrée-Anne Perrault-Girard, est conseillère juridique volontaire déployée au Honduras depuis juillet 2015 auprès de COFADEH (Comité de los familiares de Detenidos-Desaparecidos) dans le cadre du projet «Protection des enfants, femmes et autres collectivités vulnérables» mis en œuvre par Avocats sans frontières Canada (ASFC) et le Bureau international des droits des enfants (IBCR) grâce à l'appui financier du gouvernement du Canada accordé par l'entremise d'Affaires mondiales Canada.

J’ai mis les pieds en sol hondurien le 29 juillet 2015. Dès la sortie de l’aéroport de Tegucigalpa, j’ai réalisé que la tension dans les rues était palpable. Je suis officiellement dans le pays ou le taux d’homicide est le plus élevé au monde. Le chauffeur me le rappelle rapidement en barrant nos portes à l’approche du centre de la ville. Heureusement, l’enchevêtrement des maisons et des rues chaotiques laisse bientôt place à un quartier tout en hauteur où la vie semble plus paisible. Cela était une fausse joie : les murs de dix pieds sont surmontés de barbelés, les deux portes sont barrées à double tours, les fenêtres ont des barreaux et il existe un système complexe de caméras. Tout cela m’a fait comprendre qu’au Honduras, aucun quartier n’est à l’abri de la violence.


Dans cette réalité crue subsiste un des plus anciens organismes de défense des droits humains, COFADEH, le Comité de los familiares de Detenidos-Desaparecidos en Honduras (ou en français le Comité des familles de détenus et disparus du Honduras). Dans les années 1980, la dictature militaire a laissé place à un nouveau régime. Un an plus tard, plus de 69 familles avaient dû vivre avec la disparition d’un proche. Entre 1980 et 1989, 184 personnes furent victimes de disparitions forcées. C’est dans ce contexte que douze familles s’unirent pour former le comité ci-haut mentionné. Aujourd’hui, COFADEH est la référence hondurienne en matière de protection des droits humains et de sécurité publique.


C’est dans le cadre du projet « Protection des enfants, femmes et autres collectivités vulnérables » qu’ASFC m’envoie pour appuyer COFADEH dans le but de renforcer la démocratie et la primauté du droit par l’accès à la justice. Plus précisément, ce projet est mis en œuvre par le consortium formé d’ASFC et du Bureau international des droits de l’enfant (IBCR) dans le cadre du Programme de coopération volontaire financé par le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement du Canada,
Enfin, j’aimerais vous glisser un petit mot sur mon parcours. J’ai connu ASFC en 2009 lors d’une conférence sur le sujet donnée par Me Pascal Paradis à mon CÉGEP (le Collège Jean-de-Brébeuf, à Montréal). Je revenais alors d’un court séjour au Sénégal et, à l’aube de ma vie d’adulte, je cherchais une façon de rester impliquée dans le domaine de la coopération internationale. Idéalement, je souhaitais en faire à long terme mon métier. C’est le cas emblématique d’Amina Lawal et la passion contagieuse de Me Paradis pour son travail qui m’ont alors convaincue de m’inscrire dans un programme de droit à l’université.


J’ai donc fait mes trois ans obligatoires à l’Université de Montréal (UdeM) en m’impliquant dans diverses associations dont le groupe universitaire d’ASFC à l’UdeM . Un échange étudiant de six mois à l’université de Stellenbosch en Afrique du Sud m’a aussi permis d’étudier la justice transitionnelle et les graves violations des droits humains. Une fois le Barreau derrière moi, j’ai appliqué une première fois pour travailler à l’étranger comme coopérante volontaire avec ASFC. On m’a alors répondu que mon dossier était intéressant, mais que mon niveau d’espagnol était insuffisant. Cela n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde! J’ai donc quitté le Québec pour aller vivre un semestre au Guatemala, question d’apprendre mon espagnol comme il le fallait. J’ai ensuite réappliqué suite à mon stage du Barreau et j’ai été sélectionnée par ASFC pour aller travailler au Honduras.


Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir dire que je réalise un rêve de jeunesse. Je travaille dans un organisme de défense des droits humains à l’étranger directement sur le terrain, pour l’organisme ASFC et je commence à peine à découvrir un pays et un peuple en pleine “lucha”… À suivre!