
La situation des droits humains au Pérou : faire parler les chiffres
Catégorie(s): Human rights, Voluntary cooperation, Peru, 2016
L’auteure, Valérie Latreille, est conseillère juridique volontaire déployée au Pérou auprès de l’organisme IPRODES depuis octobre dernier dans le cadre du projet «Protection des enfants, femmes et autres collectivités vulnérables» mis en œuvre par Avocats sans frontières Canada (ASFC) et le Bureau international des droits des enfants (IBCR) grâce à l'appui financier du gouvernement du Canada accordé par l'entremise d'Affaires mondiales Canada.
Voilà maintenant plusieurs mois que je me suis jointe à l’équipe d’Incidence en droit au sein d’IPRODES (Instituto Promoviendo Desarrollo Social). Cette association civile basée à Lima existe depuis 2004 et a pour but de faciliter et de promouvoir la discussion entre l’État péruvien et la société civile pour assurer le bien-être commun et surtout, la défense des intérêts des groupes vulnérables, notamment les femmes, les enfants et les adolescents (http://www.iprodes.net).
IPRODES a adopté comme stratégie principale le plaidoyer. Ses nombreux projets s’articulent autour de cette approche. En débutant mon mandat chez IPRODES, l’un des projets sur lequel je me suis penchée a été la création d’un bulletin d’information réunissant les statistiques récentes sur les droits humains rapportées dans les médias péruviens. Les statistiques portaient sur la traite de personnes, la grossesse chez les adolescentes, les féminicides, la violence sexuelle contre les mineurs et la violence familiale au Pérou. Ce projet avait comme objectif premier de déterminer comment les médias sociaux abordent ces sujets, à quelle fréquence et comment ils les présentent au grand public.
Pour un organisme de plaidoyer comme IPRODES, c’est aussi une excellente façon d’orienter sa stratégie de diffusion de l’information pour qu’elle atteigne ses cibles de manière plus efficace.
Le 19 janvier 2016, nous avons publié le bulletin intitulé «Tratamiento de la información por la prensa peruana en el año 2015» (Traitement de l’information par la presse péruvienne en 2015) dans lequel nous faisons état des statistiques récoltées depuis le 12 octobre 2015. Je vous partage aujourd’hui quelques-unes des statistiques les plus marquantes:
Traite de personnes:
«La traite de personnes a fait plus de 2000 victimes au Pérou entre 2010 et 2014.»
La República, 20 octobre 2015
Grossesse chez les adolescentes:
«Chaque jour, de trois à quatre accouchements enregistrés au Pérou sont de mineures de 15 ans. La majorité se retrouve dans cette situation dans un contexte de violence, d’abus, de pauvreté et d’exclusion. Elles vivent dans des zones rurales, dans des communautés où l’accès à l’information et à l’éducation leur a été refusé injustement. Très tôt, elles changent leur projet de vie.»
La República, 28 octobre 2015
Féminicides:
«Dans 55,7% des cas, la victime avait entre 18 et 34 ans, ce qui fait de beaucoup de jeunes femmes les principales victimes de meurtre aux mains de leur compagnon. 77,3% des femmes ont été assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint, l’âge de ces derniers oscillant entre 25 et 44 ans. De plus, 57% des cas sont survenus à l’intérieur du domicile, ce qui fait de ce lieu l’un des plus dangereux pour plusieurs femmes.»
La República, 26 novembre 2015
Violence sexuelle contre les mineurs:
«Les dénonciations de viol ont augmenté de 10% au cours des dernières années. L’Organisation panaméricaine de la santé a informé que le Pérou enregistre 22.4 dénonciations de viol pour chaque 100 mille habitants, [alors que] le Ministère public a signalé que seulement entre janvier et juillet de [2015], il a reçu 4 019 dénonciations de délits contre la liberté sexuelle.»
La República, 8 novembre 2015
Violence familiale:
«Le Ministère public a aussi donné des informations sur les chiffres de violence familiale. Il reçoit 18 dénonciations par heure au niveau national, où 85% des victimes sont des femmes. Ce chiffre ressort du total de 129 784 dénonciations pour ce délit enregistrées depuis janvier jusqu’à octobre [2015]; et près de 1 million de dénonciations rapportées dans la période comprise entre 2009 et 2015.»
La República, 26 novembre 2015
Devant ces statistiques accablantes, il est impossible de rester de marbre. Nous continuons donc de nous mobiliser afin de dresser le portrait le plus complet de la situation des droits humains au Pérou. De cette manière, la concertation au sein de la société civile s’en trouve facilitée, dans la mesure où il est alors plus évident de savoir comment orienter nos efforts.
Je vous invite à prendre connaissance du bulletin d’information complet, dont la version est disponible en espagnol, en cliquant sur le lien ci-dessous:
http://www.asfcanada.ca/documents/file/bulletin-information-perou-valerielatreille.pdf