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ASFC jette un nouvel éclairage sur l'état des droits humains dans le Nord de la Colombie

Catégorie(s): Droits humains, Colombie, 2017

Du 21 au 25 mars dernier, l’équipe d'Avocats sans frontières Canada (ASFC) en Colombie a accompagné le Fonds de solidarité avec les juges colombiens (FASOL) dans les départements de Santander et d’Arauca, situés dans le Nord de la Colombie.

Les objectifs de cette coopération concernent plus particulièrement la mise en place d’un observatoire pour la prévention et la protection de la justice dans les régions spécialement affectées par le conflit armé, de même que la réalisation d’une analyse contextuelle permettant d’identifier les défis pour les fonctionnaires de l’administration de justice présent(e)s dans les régions éloignées du pays.

Au cours de cette visite de terrain, l’équipe d’ASFC eu l’opportunité d’assister à plusieurs réunions avec les fonctionnaires de la branche judiciaire et d’autres institutions de l’État. Ces réunions ont permis de jeter un nouvel éclairage sur l’état des droits humains dans ces régions. Elles ont aussi permis d’évaluer le niveau de risque auxquels sont confrontés les fonctionnaires judiciaires dans le cadre de leur mandat et d’identifier les facteurs qui affectent la sécurité et l’indépendance judiciaire de ces personnes.

Des échanges convaincants, des constats inquiétants

Les échanges réalisés avec les opérateurs de justice des départements d’Arauca et de Santander ont permis de signaler plusieurs aspects problématiques qui interfèrent potentiellement avec une plus grande indépendance judiciaire dans ces zones, notamment :

• la présence constante d’acteurs armés dans les régions;
• le manque d’une présence étatique dans les territoires qui sont identifiés comme « zone rouge » ou de conflit;
• les pressions générées par les multinationales et les entreprises extractivistes dans les procès judiciaires;
• l’identification de cas où les acteurs armés se sont incrustés dans l’exercice des fonctions des opérateurs de l’armée;
• l’inefficacité des décisions judiciaires;
• le manque de sensibilisation effectuée auprès des fonctionnaires judiciaires sur les cas de violence basée sur le genre, et ce, malgré leur intérêt et leur connaissance de cette problématique;
• le manque d’effectifs humains dans les bureaux judiciaires, qui a pour effet de limiter l’accès à la justice pour les femmes victimes de violence basée sur le genre;
• l’absence de soutien et/ou coordination de la force publique pour mener en œuvre les actions dans les zones rurales.

Puisque la mise en place de l’Accord de paix suscite de nombreux espoirs sur le terrain et au sein de la communauté internationale, ces constats préoccupants témoignent des nombreux pas qu’il reste à franchir afin de permettre aux populations rurales d’être rassurées et d’augmenter leur niveau de confiance envers leurs institutions.

Une collaboration avec beaucoup de potentiel


La présence de l’équipe d’ASFC en Colombie aux réunions organisées par le FASOL s’inscrit dans ses actions de renforcement de capacités et d’accompagnement international qui est fourni à cette organisation depuis déjà un an.

Présente dans le pays depuis 2003, ASFC accompagne les organisations de la société civile et les défenseurs de droits humains pour documenter et mettre en lumière des cas de violations graves des droits humains commises envers des groupes et des personnes en situation de vulnérabilité.


Pour en savoir plus sur les résultats de cette consultation ainsi que sur les principaux constats qui se dégagent de cette mission, consultez notre blogue.


Pour en savoir plus sur l’historique du conflit, sur les étapes ayant mené au processus de paix en cours en Colombie ainsi que sur le positionnement d’ASFC, consultez nos fiches pratiques.